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MONA • Juriste

Dim 17 Jan - 18:49
MONA


32 ANS • JURISTE • FEAT. HANNAH JONH KAMEN













Portrait


Nauséeuse. La bile aux lèvres. Elle avait retenu son souffle. La perspective de vomir lui était insoutenable. Elle était allongée. Si sa gorge était obstruée, elle allait s’étouffer. Dans un état de demi-conscience, elle était s’était redressée, la tête toute dévissée, qui tanguait comme un navire dont un ouragan aurait volé le gouvernail. Son premier réflexe avait été de passer la main dans ses cheveux. La perfection était exigée sur son lieu de travail et Mona avait gardé l’habitude de nouer ses cheveux en un chignon strict, même le dimanche. Sa mère l’appelait le cygne. En ce moment même, elle n’avait rien de gracieux : au mieux, elle avait la candeur d’un chiot égaré, réticent à l’idée de mettre une seule patte en dehors de son panier.

C’était l’envie de faire pipi qui l’avait fait mettre le nez dehors. Réaliser qu’elle ne pouvait pas uriner au sol comme une malpropre lui propulsa une évidence en pleine figure, un peu comme si le vent l’avait giflée à grands coups de journaux abandonnés : elle ignorait où elle se trouvait. Mais une pensée lui traversa l’esprit, reléguant aussitôt le désir de soulager son incontinence chronique au second plan. Son classeur. Son journal. Et au cœur de son journal, ses notes, son écriture déliée, qui retraçait ses souvenirs de l’affaire Sveistrup…

Mona manqua de trébucher en se ruant vers son sarcophage : rien. Inutile de retour la machine, le bidule était blanc et lisse. Il était incroyable qu’elle soit restée assoupie là-dedans… pendant combien de temps d’ailleurs ?

Les détails attendraient : sa vessie était plus forte que sa curiosité (bien que chez Mona, ces-deux là se tiraient le bourrichon) et bientôt, la trentenaire s’engageait prudemment dans un couloir aveuglant, le ventre noué.

Jamais elle n’aurait cru que la solitude lui pèserait, c’était bien une première.  


Paysage




Il n’y avait rien de particulier à se remémorer – conviction paradoxale avec sa manie entêtante de vouloir tout noter, tout conserver, de faire jaillir les souvenirs les plus gênants sous forme de mots, comme s’ils pouvaient lui servir d’armes au moment propice. Pourtant, elle était muette comme une tombe. Elle avait hérité de son père l’art de la prose : elle l’avait perdue jeune, mais il était mort à un âge que l’on pourrait décrire comme honorable, à 75 ans. Mona était issue d’un second mariage.

Ils travaillaient tous deux du côté de la loi : si le labeur de Mona consistait à esquiver les longs fils d’un droit environnemental laxiste sous le joug d’une compagnie d’exploitation pétrolière, son père était flic. Commissaire, pour être plus exact. Le flic de série de télé, quoi. Alors qu’elle était une solitaire effacée, déçue à chaque rentrée des classes par des amitiés fusionnelles et destructrices typiques de l’adolescente mais qui malheureusement pour elle, semblaient être inscrites dans le code source de sa sociabilité, son père, lui, était un homme-papillon. Aimé de tous. Le bon collègue, le bon père, le bon ami, le bon époux.

C’était un homme d’excès, dans les hauts comme dans les bas. Comme sa mère, Mona avait été anéantie par sa mort : son père était un homme trou-noir, dont les grandes joies aspiraient tout sur leur passage : un labyrinthe qui laissait les autres sur le carreau, une fois qu’ils avaient nourries ses somptueuses plates-bandes carnivores. Le deuil avait confronté la jeune femme au vide de sa vie : à vingt-cinq ans, un boulot privilégié, oui, dont le salaire faisait rougir ses copines de faculté de droit, qui vivotaient à droite et à gauche, dans le pénal ou le familial. Mais pas de grande passion, pas d’amour fou, pas de rêves délirants.

De son père, Mona enviait les ascensions tout en en redoutant les dégringolades.

Son souvenir le plus récent était d’avoir ouvert les vieux carnets de son père. Ceux de l’enquête Sveistrup. Mona savait qu’il fallait laisser dormir ces filles. Elle savait qu’il y avait quelque chose dans cette affaire, un non-dit qui avait hanté son père, jusqu’à la fin. Et elle avait beau tourner les pages, l’énormité de l’échec paternel s’étalait jusqu’au point final.

Le reste est une zone vierge.  
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