RUBEN • agent immobilier

Ses yeux se dessillent. Sourcils froncés. Soubresaut qui l'prend quand il se redresse vivement pour se mouvoir. A peine éveillé et déjà debout, ce regard sombre et circulaire qu'il pose sur la pièce. Son premier reflexe est de tâté son corps pour y trouver un objet qui pourrait lui porter assistance. Rien. Ce néant qui agace, qui perturbe. Son visage qu'il frotter pour reprendre consistance. Pas du genre à laisser l'émotion l'submerger. Son assurance et son arrogance qui ne lui laisse pas la chance de paniquer. Méfiance qui s'impose quand même dans son esprit quand un bruit vient titiller son oreille.

Le divorce de ses parents a conditionné le reste de sa vie. Il avait treize ans quand c'est arrivé. Avant ça, c'était un gosse épanoui. Une semaine chez l'un puis chez l'autre. Il a toujours blâmé son père étant donné que la séparation, il l'a provoqué. Laissant la mère de famille au bord du gouffre, les larmes qu'il a du sécher trop souvent. Dix ans plus tard, il décide d'avoir un deuxième enfant avec celle qui avait brisé leurs familles : Mona. Désespoir qui fulmine. Rage qui peine à s'éteindre. La page qu'il n'a pas su tourner.  D'un naturel manipulateur et calculateur, il se lancera dans une carrière d'agent immobilier. Sa vie qui rôde autour de son métier, lui qui s'contente d'étreinte sans lendemain avec des femmes de passage plutôt que de construire une histoire. Si c'est pour finir comme sa mère. Cinquante cinq ans de frivolité et d'éphémères. Pas de femme, pas d'enfants. Quelques amis éloignés. Personne sur qui compter mais surtout, personne qui se rattache à lui et qui nourrit des espoirs quant à sa personne. Sa vie est un éternel recommencement, chaque journée est ritualisé de la même façon et lui, ça lui va bien. La solitude est une comparse avec laquelle il s'entend à la perfection depuis si longtemps qu'il en oublie parfois comment se comporter avec le genre humain quand il ne s'agit pas d'une transaction immobilière.