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EILEEN • Étudiante en ingénierie

Lun 18 Jan - 6:22
EILEEN


22 ANS • ÉTUDIANTE EN INGÉNIERIE • FEAT.JOSEPHINE LANGFORD













Portrait


Ses paupières semblaient peser une tonne et ses lèvres étaient asséchées. C’était comme se frayer un chemin parmi la brume. Les bruits résonnaient dans sa tête comme les cloches d’une de ces Eglises des temps passés. Qui était-elle au juste? Que faisait-elle là? Tant de questions dont les réponses vinrent au compte goutte. Eileen. Elle s’appelait Eileen. quand au lieu… Un vaisseau? Un voyage? C’était tout ce qu’elle parvenait à extraire de sa mémoire. Son corps lui aussi racontait une histoire tandis qu’il se remettait lentement en mouvement, engourdi de trop d’années de sommeil. Elle sentait l’impatience la saisir, comme une vieille amie. Elle voulait bouger, courir et se mettre en mouvement. Comme si elle en avait trop longtemps été privée. Eileen ressentait comme un manque au creux de son coeur. Une perte toujours bien présente mais c’était comme si une sorte de mur l’empêchait d’en savoir plus. Il s’en présentait beaucoup, des murs alors qu’elle fouillait sa mémoire. Elle n’avait pas vraiment peur de ce réveil brutal. La jeune fille avait toujours été curieuse et d’une témérité frôlant l’absurde. Mais elle ne voulait pas rester seule. Aussi, sa réaction instinctive fut de se mettre en route à la recherche d’autres âmes s’étant également réveillées.


Paysage


Plus jeune (et peut être encore maintenant), Eileen était l’archétype même de la girl next door. Son rire résonnait bien souvent dans le quartier et ses boucles blondes sautillaient au rythme de ses foulées lors de ses entraînements de soccer. La petite demoiselle masquait bien souvent son tempérament de feu par un sourire et ses facéties sous un regard angélique. Il était pourtant un petit voisin qui réveillait le pire en elle. Il l’agaçait prodigieusement. Oui, par les planètes, il l’énervait, la titillait, la rendait folle. Le destin, dans sa cruauté, avait voulu que leurs chambres soient placées en vis-à-vis. Leur enfance fut donc ponctuée de coups fourrés en tout genre. Il avait beau lui en faire voir de toutes les couleurs, au fond, il était toujours là. Pas comme sa mère, ingénieure en orbite, bien trop souvent absente ou son père qui s’enfermait des jours durant dans son bureau pour mettre au point les prochains jouets que s’arracheraient les enfants. D’un naturel sociable, Eileen passait donc tout son temps chez des amies ou à inventer le prochain coup fourré offert à son cher voisin. Elle se souvenait avec émotion du jour où elle avait ourlé tous ses pantalons de façon à les raccourcir de trois bons centimètres. Comme elle avait ri ce jour-là. Du moins jusqu’à ce qu’elle ne se retrouve les cheveux roses le lendemain car il avait remplacé son shampoing par de la teinture.

Son insouciance s’était néanmoins tari alors qu’elle n’avait que seize ans, le jour où sa mère n’était pas revenue d’un de ses voyages. Défaillance technique du vaisseau, il avait explosé en plein vol. Le monde d’Eileen venait de basculer pour la première fois. Le deuil fut difficile et elle dut l’affronter sans l’aide d’un père qui, plus que jamais, disparu dans les méandres de son atelier, n’adressant presque plus la parole à sa fille. Alors, elle surcompensa. Affichant un sourire toujours plus grand, un rire toujours plus fort. Pour cacher les fêlures. Presque tout le monde s’y laissa prendre. L’adolescence survenant et sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, ses sentiments pour sa némésis évoluèrent, se mêlant à une attraction refoulée qu’elle n’admettrai jamais à voix haute. Il était à la fois son pire ennemi et son meilleur ami. Jusqu’à cette fameuse nuit qu’ils partagèrent ensemble avant qu’il ne quitte à jamais le voisinage. Elle se souviendrait toujours de ce sourire canaille qu’il arborait en venant la chercher. Ce sourire pour lequel elle avait déjà fondu bien des années avant sans même s’en rendre compte. Oui, cette nuit fut mémorable de bien des façons. Pas seulement car il s’agissait de sa première fois. Pas seulement parce que c’était lui et que cela avait été magique. Non, elle se souviendrait toujours des conséquences de cette soirée et du vide que cela avait laissé en son cœur.

Elle ne s’en était pas rendu compte tout de suite. De cette petite vie qui se développait en elle. Elle l’avait même niée pendant des mois jusqu’à ce que l’évidence la rattrappe. Il avait fallu prévenir son père qui avait très mal pris la nouvelle. Il aurait voulu qu’elle avorte mais il était trop tard et, déjà, elle l’aimait ce petit être. Les relations s’étaient tendues entre eux et le climat familial était glacial. Un jour, sur la fin du sixième mois, Eileen avait ressenti de vives douleurs. La douleur était débilitante, monstrueuse et elle peinait à rester consciente. Les secours étaient arrivés. Elle se rappellait du sang, du mal. D’une lumière trop vive et d’un médecin au-dessus d’elle. Elle se souvenait du regard dur de son père avant qu’elle ne s’évanouisse pour de bon.

A son réveil, son monde avait changé. Si elle avait gagné une cicatrice, son père lui annonça qu’elle avait perdu son enfant. Il s’était occupé de toutes les démarches avec l’hôpital afin d’accélérer sa sortie. Elle était mineure aussi le corps médical avait accédé aux demandes du paternel. Traumatisée par la violence des événements, elle n’avait pas cherché confirmation, lui faisant une confiance absolue.
Comme anesthésiée et dans un brouillard, elle avait terminé le lycée avant d’entamer des études en ingénierie. Elle souriait pourtant. Toujours, elle souriait. Masquant sa détresse et s’oubliant dans les soirées étudiantes. Jusqu’à refouler totalement ce traumatisme et qu’au bout de quelques années ses sourires ne soient plus feints. Le vide dans son cœur ne s’était pas pour autant comblé. Elle était seule, si seule. C’est peut être pour ça qu’elle avait ouvert ses bras à l’un de ses camarades de classe jusqu’à accepter sa demande en mariage. Parce qu’il l’aidait à combler cette solitude qui lui collait au corps. Pourtant, elle n’était pas plus convaincue que cela et, le jour où son père décida d’alléger sa conscience torturée, elle décida de tout quitter. Père et fiancé, elle les laissa derrière elle pour mieux embarquer vers l’inconnu.
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