Certaines soirées sont plus longues que d’autres. L’affluence reste pourtant la même au sein de l’hôtel, mais certaines journées semblent moins propices à se désaltérer auprès d’un beau barman. Enfin beau… Tout est question de point de vue, suis-je tenté de dire. Jusqu’à maintenant, et à vingt minutes de la fermeture officielle du bar, j’ai peut-être servi trois cocktails sans alcool, deux sodas sans sucre parce que tout le monde sait que le coca zero après un énorme hamburger et une caravane de frites permet de garder la ligne. Pauvre citoyen lambda ! Je n’ai même pas vendu la moindre liqueur, le moindre breuvage au doux arôme alcoolisé. Rien pour faire du chiffre et satisfaire mes supérieurs, rien pour me satisfaire après avoir passé plusieurs heures ici. Deux heures quarante-cinq, d’ici peu je serais libre. Libre de retrouver mon insomnie et ces voix, obscures, tout juste audibles qui systématiquement se mettent en quête de me rendre la vie impossible quand je décide de fermer l’œil. Combien d’heures passées à tourner, me retourner, me débarrasser de la couette pour mieux la remettre… Un nombre bien trop important si vous voulez mon avis. Alors franchement, rester quelques minutes de plus ou de moins ici… Un long soupir m’échappe, je frotte une énième fois ce verre lorsque la porte s’entrouvre et laisse apparaitre une jeune femme qui ne m’est pas inconnue. @Emy, si mes souvenirs sont bons. Je la gratifie d’un sourire plus que sincère. « Bonsoir beauté. Que puis-je pour vous, une petite soif ? Besoin d’une consommation fortement alcoolisée pour lutter contre l’insomnie ? » J’ai envie de discuter, de faire en sorte que le temps passe plus vite aussi. « Alors, ces premiers jours ? »