Week 01 #Amanda

Soyeon, Soyeon, elle échouait perpétuellement aux mêmes endroit, farce qui ne se renouvelait à chaque fois. Elle aurait dû s'en retrouver usée, de ces éternelles symphonies, ritournelles  d'une même ironie dont chaque chute portait la patte de ses amertumes. Toutes ces fables, cette précipitation, ces essoufflement, pour finalement peindre les ombres accoudé au comptoir d'un bar.

Soyeon laissait son fusain courir sur les pages de son calepin, dans un non sens géométrique qui l'avait occupé jusqu'au plus tard de la nuit. C'était oppressant, cette étrange sensation d'être perpétuellement acculé, comme si quelque chose manquait, comme si c'était elle qui oubliait - que rien n'avait de sens, qu'elle se contentait de briller d'une lumière qu'elle s'invente.  Tout semblait vain dans cet établissement, comme ternit, une amertume qu'elle s'évertuait à chasser, qui s'attardait comme une arrière pensé.

Une pensée qu'elle laissa en suspend lorsque le parquet résonna sous le claquement des bruits de pas.

▬ Le barman ne semble pas être revenu de sa pause déjeuné.  

Tranquille explication qu'elle offre face au vide criant de la pièce. Sa tête s'incline légèrement, pour mieux capter le regard de la nouvelle arrivante - un sourire cependant, un nouvel éclat de joie.

▬ Mais vous pouvez toujours l'attendre en ma compagnie si ça ne vous dérange pas.

Il n'y avait, après tout, meilleur distraction à sa morosité que la compagnie d'une autre personne, aussi pesant puisse être la vie au sein de l'établissement.

Soyeon, elle cultivait quelques brefs souvenirs d'Amanda, un robe rouge vertigineuse, une jolie voix qu'on entend parfois au détour des couloirs - le genre de personne dont on captait le nom au cours d'une conversation sans jamais avoir l'opportunité de vraiment apprendre à la connaitre. Une connaissance qui n'en était pas vraiment une. Une distraction salutaire à son angoisse grandissante.

▬ Non, je me suis offert ce voyage pour satisfaire ma curiosité dira-t-on.  

Une explication qui devenait routinière, la même qu'elle offrait à chaque fois qu'on lui demandait la raison de sa présence au sein de l'établissement. A croire qu'ils étaient tous les naufragés de la même frégate sans réellement savoir comment ils avaient pu en arrivé là.

▬ Soyeon, ravie de faire votre connaissance Amanda.

Son regard s'abaisse sur son carnet grand ouvert, vague esquisse d'une forme abstraite, silhouette distordu se tenant dans le coin d'une pièce. Matérialisation d'un confort qu'elle s'était contrainte d'exorciser, comme si l'expression de son malaise grandissant nécessitait d'être matérialisé sous peine d'en devenir totalement cinglé.

▬ A quelques occasions, il s'agit d'un passe temps. Bien que ce dessin ne soit guère joyeux. Et vous vous chantez si je ne me trompe pas?

Elle avait cru entendre quelques mots à ce sujet sans en être certaine, de nombreuses personnalités arpentaient les murs du Livingstone après tout.