La nuit est passée à une vitesse folle, tout juste le temps de se remettre de quelques émotions, de noyer ses peines dans de succulentes bouteilles d’alcool et de grapiller quelques rares heures de sommeil plus ou moins réparatrices qu’il faut déjà se remettre au travail. Je pourrais pourtant renoncer, abandonner ce bar dans lequel je passe un nombre incalculable d’heures… Il est vrai que je pourrais agir de la sorte mais j’ai besoin de trouver une raison à cette vie que je ne comprends plus. Il n’y a plus rien qui fait véritablement sens, si ce n’est cette obligation de ne pas renoncer à une certaine forme de normalité. Baisser les bras, tout laisser foutre le camp, ce serait accepter cette noirceur qui tente de s’immiscer en nous, ce serait lui ouvrir grand la porte et l’accueillir comme s’il s’agissait du messie. Je n’agirais pas de la sorte, je me refuse à un tel destin et préfère accuser le coup, encaisser les rebondissements et les déconvenues pour mieux réagir avec une normalité qui tranche avec mes réactions excessives de la semaine passée. À ce stade, je pense que tout le monde a plus ou moins compris qu’il s’agissait d’une présence surnaturelle, qu’il soit véritablement question de sorcières ou non, là n’est pas l’importance… Il est plutôt crucial de comprendre pourquoi cet hôtel est ciblé depuis des décennies, pourquoi toute personne s’aventurant ici semble être instantanément vouée à rencontrer un destin tragique et, souvent, fatal… Certains des passages abordés pendant les recherches à la bibliothèque nous ont mis sur la piste, un lieu de culte sur lequel personne n’aurait jamais dû s’installer, une terre sacrée et hautement convoitée… Autant de petits éléments qui aident à y voir potentiellement plus clair à condition de bien vouloir accepter de croire en tout cela. J’imagine que les plus cartésiens en sont encore à prétendre que la forêt a dégagé une substance hallucinatoire qui a poussé tout le monde à la folie. Quand on sombre dans le déni, on peut tout expliquer, qu’on soit conscient de la stupidité de nos réflexions ou non… Mieux vaut avancer en solitaire quand personne ne te prend au sérieux, c’est ce que j’ai décidé de faire, discrètement, dans mon coin, à mon rythme.
Je m’applique à nettoyer chacune des tables, à récupérer les derniers verres pour pouvoir les nettoyer. De l’ordre, c’est tout ce dont j’ai besoin. Ce bar est mon lieu sacré à moi, je n’y serais peut-être jamais entièrement en sécurité mais j’ai au moins l’illusion de l’être. @Joseph est venu me donner un coup de main, je suis surement remonté dans son estime en essayant de réunir tout le monde après l’épisode de la forêt pour que chacun puisse contribuer à panser les plaies des autres autour d’un verre. En temps de crise, il est important de resserrer les rangs, se diviser maintenant, c’est nous mener droit à notre perte. « Merci pour votre aide… J’apprécie ! » J’aurais pu m’en sortir seul, je le fais à chaque fois après mon service du soir, mais avancer plus rapidement ne me déplait pas. Un sachet, abandonné sous une table, attire mon attention et me pousse à me baisser, ma curiosité violemment attisée… « Je n’y crois pas ! » Je démarre, un sourire étiré jusqu’aux oreilles. J’attrape le sachet et me redresse pour pouvoir le brandir en direction de mon vis-à-vis. « Lequel d’entre eux a décidé de décompresser en se roulant un petit joint ? » J’observe cette herbe et me tâte… Lui adresse un nouveau regard… « Vous en voulez ? »
Je m’applique à nettoyer chacune des tables, à récupérer les derniers verres pour pouvoir les nettoyer. De l’ordre, c’est tout ce dont j’ai besoin. Ce bar est mon lieu sacré à moi, je n’y serais peut-être jamais entièrement en sécurité mais j’ai au moins l’illusion de l’être. @Joseph est venu me donner un coup de main, je suis surement remonté dans son estime en essayant de réunir tout le monde après l’épisode de la forêt pour que chacun puisse contribuer à panser les plaies des autres autour d’un verre. En temps de crise, il est important de resserrer les rangs, se diviser maintenant, c’est nous mener droit à notre perte. « Merci pour votre aide… J’apprécie ! » J’aurais pu m’en sortir seul, je le fais à chaque fois après mon service du soir, mais avancer plus rapidement ne me déplait pas. Un sachet, abandonné sous une table, attire mon attention et me pousse à me baisser, ma curiosité violemment attisée… « Je n’y crois pas ! » Je démarre, un sourire étiré jusqu’aux oreilles. J’attrape le sachet et me redresse pour pouvoir le brandir en direction de mon vis-à-vis. « Lequel d’entre eux a décidé de décompresser en se roulant un petit joint ? » J’observe cette herbe et me tâte… Lui adresse un nouveau regard… « Vous en voulez ? »